"Combattre les dérives éthiques"

Interview par Jean-Michel Gaudron

Le chapitre lucembourgeois d'International Coach Federation (ICF) a un nouveau président en la personne de Salvatore Genovese (Genoways). Son ambition: contribuer à une meilleure perception de la profession de coach et lutter contre les abus.

Monsieur Genovese, quelles sont vos ambitions au moment de prendre la présidence d'ICF Luxembourg ?

Je vais poursuivre sur la voie que le précédent board d'ICF Luxembourg avait empruntée en ayant pour mission principale de devenir LA référence en matière de coaching à Luxembourg. Notre objectif est que quiconque, particulier ou entreprise, qui désire recourir au coaching puisse le faire en toute connaissance de cause, en choisissant un coach certifié par la Fédération Internationale de Coaching. Le fait d'être certifié par une école ou d'être membre de notre Fédération est en soi très positif, mais ne suffit pas à nos yeux. C'est la raison pour laquelle nous allons encourager nos membres à obtenir leur certification ICF. Nous avons déjà mis en place à leur attention des sessions de mentoring et allons continuer dans ce sens avec des sessions de surpervision, c'est-à-dire du coaching de coachs.

Par ailleurs, afin d'accroître la compréhenssion du coaching et d'ouvrir davantage les consciences sur la valeur ajoutée que cet accompagnement peut apporter, nous avons l'intention de collaborer davantage avec les autres fédérations, organisations et associations professionnelles, ainsi que le monde de l'entreprise, en mettant en place des actions ciblées à leur intention.

Le coaching ne bénéficie pas toujours d'une image positive. Comment y remédier ?

L'enfouement croissant pour le coaching a attiré de nombreuses personnes qui ne disposent pas nécessairement de l'ensemble des compétences nécessaires à l'exercice de ce nouveau métier. Celles-ci ont voulu faire du coaching tout de suite, en faisant fi de l'apprentissage et de l'humilité indispensable à l'apprenant. Ce n'est effectivement pas en quelques journées de formation en coaching que l'on devient coach. Pour ces personnes, sous-estimer la nécessité de maîtriser les compétences indispensables à l'exercice du métier de coach est une manière de justifier leur propre manque de professionnalisme. N'oublions pas que la matière première du coaching est une personne humaine et non un produit.

Les qualités et les compétences du coach constituent en effet le cœur du sujet. Si les premières relèvent de son être et de sa personne, les secondes ont trait aux techniques propres du métier. Il ne suffit donc pas pour bien coacher d'avoir une grande confiance en soi, une dose de bon sens ou encore de l'expérience, de la sagesse et une vision positive de la vie. La clé réside en une réelle alchimie entre le savoir-être et le savoir-faire du coach.

Par conséquent, pour évacuer cette image dont vous parlez et redorer le blason du coaching ainsi que relustrer le blouson des coachs, je dirais que pour devenir un professionnel du coaching, il convient de maîtriser d'abord un certain nombre d'ouitls et de concepts puis seulement après de les "oublier". C'est à ce prix que l'excellence mènera à l'art qui transcende la technique.

Ce changement de présidence intervient alors que la fédération fête ses 20 ans. En quoi le coaching d'aujourd'hui est-il différent du coaching du milieu des années 90.

Dans les années 90, lorsque le coaching professionnel n'en était qu'à ses balbutiements, ceux qui recouraient aux services d'un coach étaient considérés comme faibles ou défaillants. Cette idée selon laquelle un leader ou un manager qui se respecte n'a nul besoin d'aide a été largement répandue dans le monde de l'entreprise pendant de très longues années. Dans ce contexte, un cadre qui se voyait proposer un coaching pensait qu'il n'était pas à la hauteur des attentes placées en lui.

Aujourd'hui, les entreprises s'intéressent de plus en plus au coaching afin que leurs salariés puissent leur offrir le meilleur d'eux-mêmes. Pour se réaliser pleinement, les employés et cadres dirigeants se voient offrir la possibilité d'explorer les ressorts de leur personnalité dans une démarche leur permettant de se développer sur le plan personnel et professionnel. Tout le monde y gagne: l'entreprise dispose de gens plus efficients et l'employé ou le manager se réalise pus complètement dans sa vie professionnelle.

En outre, le coaching touche aujourd'hui le grand public. Nos contemporains ont bien davantage l'opportunité de s'occuper d'eux-mêmes qu'auparavant et de réaliser concrètement ce qu'ils veulent faire dans la vie et de leur vie. C'est d'ailleurs dans cette faille que se sont engouffrés des tas de coachs désireux de pratiquer le coaching de "réalisation de soi", parfois avec les dérives éthiques que nous combattons précisément.

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